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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/422

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en religion Maria Winifred. Je n’ai jamais lu Shakspeare ou Byron dans le texte sans penser à elle et sans la remercier dans mon cœur.

Il y avait, quand j’entrai au couvent, deux autres novices qui touchaient à la fin de leur noviciat et qui prirent le voile avant miss Hurst et miss Fairbairns. J’ai oublié leurs noms de famille, je ne me rappelle que leurs noms de religion. C’était la sœur Mary-Agnès et la sœur Anna-Joseph. Toutes deux petites et menues, elles avaient l’air de deux enfans. Mary-Agnès surtout était un petit être fort singulier. Ses goûts et ses habitudes étaient en parfaite harmonie avec l’exiguité mignarde de sa personne. Elle aimait les petits livres, les petites fleurs, les petits oiseaux, les petites filles, les petites chaises : tous les objets de son choix et à son usage étaient mignons et proprets comme elle. Elle portait dans son genre de prédilection une certaine grâce enfantine et plus de poésie que de manie.

L’autre petite nonne, moins petite pourtant et moins intelligente aussi, était la plus douce et la plus affectueuse créature du monde. Celle-là n’avait pas une parcelle de la morgue anglaise et de la méfiance catholique. Elle ne nous rencontrait jamais sans nous embrasser, en nous adressant, d’un ton à la fois larmoyant et enjoué, les épithètes les plus tendres.

Les enfans sont portés à abuser de l’ex