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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/453

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ne la boudant pas quand elle revenait à moi. Fanelly aimait à courir, à rire, à fureter, à organiser toujours quelque diablerie, je devenais tout feu, toute joie, tout mouvement avec elle. Heureusement pour moi, elle s’emparait de moi ; Anna nous suivait par amitié et Sophie par désœuvrement ; alors commençaient des escapades et des vagabondages qui duraient des journées entières. On se donnait rendez-vous dans un coin quelconque ; Fanelly, dont la petite bourse était toujours la mieux garnie et qui avait l’art de faire acheter en cachette par le portier tout ce qu’elle voulait, nous préparait sans cesse des surprises de gourmandise. C’était un melon magnifique, des gâteaux, des paniers de cerises ou de raisins, des beignets, des pâtés, que sais-je ! Elle s’ingéniait toujours à nous régaler de quelque chose d’inattendu et de prodigieux. Pendant tout un été, nous ne fûmes nourries que par contrebande, et quelle folle nourriture ! Il fallait avoir quinze ans pour n’en pas tomber malade. De mon côté, j’apportais les friandises que me donnaient Mme Alicia et la sœur Thérèse, qui confectionnait elle-même des dumpleens et des puddings délicieux, et qui m’appelait dans son laboratoire pour en bourrer mes poches.

Mettre en commun nos friandises et les manger en cachette aux heures où l’on ne devait pas manger, c’était une fête, une partie fine et des rires inextinguibles, et des saletés de l’autre