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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/464

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quelque petite qui criait de peur ou de colique au milieu de la nuit. Et puis, n’être pas chez soi, ne pas se sentir seul une heure dans la journée ou dans la nuit, c’est quelque chose d’antipathique pour ceux qui aiment à rêver et à contempler. La vie en commun est l’idéal du bonheur entre gens qui s’aiment. Je l’ai senti au couvent, je ne l’ai jamais oublié ; mais il faut à tout être pensant ses heures de solitude et de recueillement. C’est à ce prix seulement qu’il goûte la douceur de l’association.

La cellule qu’on me donna enfin fut la plus mauvaise du couvent. C’était une mansarde située au bout du corps de bâtiment qui touchait à l’église. Elle était contiguë à une toute semblable occupée par Coralie le Marrois, personne austère, pieuse, craintive et simple, dont le voisinage devait, pensait-on, me tenir en respect. Je fis bon ménage avec elle, malgré la différence de nos goûts ; j’eus soin de ne pas troubler sa prière ou son sommeil, et de décamper sans bruit pour aller sur le palier trouver Fanelly et d’autres babilleuses avec qui l’on errait une partie de la nuit dans le grenier aux oignons et dans les tribunes de l’orgue. Il nous fallait passer devant la chambre de Marie-Josephe, la bonne du couvent ; mais elle avait un excellent sommeil.

Ma cellule avait environ dix pieds de long sur six de large. De mon lit, je touchais avec ma tête le plafond en soupente. La porte, en