CHAPITRE QUATORZIÈME. (SUITE.)
Communion et ravissement. — Le dernier bonnet de nuit. — Sœur Hélène. — Enthousiasme et vocation. — Opinion de Marie Alicia. — Elisa Auster. — Le pharisien et le publicain. — Parallèle de sentimens et d’instincts.
Ce jour de véritable première communion me parut le plus beau de ma
vie, tant je me sentis pleine d’effusion et en même temps de puissance
dans ma certitude. Je ne sais pas comment je m’y prenais pour prier.
Les formules consacrées ne me suffisaient pas, je les lisais pour
obéir à la règle catholique, mais j’avais ensuite des heures entières
où, seule dans l’église, je priais d’abondance, répandant mon âme aux
pieds de l’Éternel et, avec mon âme, mes pleurs, mes souvenirs du
passé, mes élans vers l’avenir, mes affections, mes dévouemens, tous
les trésors d’une jeunesse embrasée qui se consacrait et se donnait
sans réserve à une idée, à un rêve insaisissable, à un rêve d’amour
éternel.
C’était puéril et étroit dans la forme, cette orthodoxie où je me plongeais, mais j’y portais le sentiment de l’infini. Et quelle flamme