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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/499

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Mme Eugénie, qui m’avait toujours traitée avec une indulgence qu’on taxait de partialité, devint plus sévère en même temps que je devenais plus raisonnable. Je ne péchais plus que par distraction, et elle me rabrouait un peu durement pour cela, quelque involontaires que fussent mes fautes. Un jour même que, perdue dans mes rêveries pieuses, je n’avais pas entendu un ordre qu’elle me donnait, elle m’infligea sans miséricorde la punition du bonnet de nuit. Le bonnet de nuit à sainte Aurore (les diables m’appelaient ainsi en riant) ! Ce fut un cri de surprise et un murmure de stupeur dans toute la classe. « Vous voyez bien, disait-on, cette femme bizarre et contredisante aime les diables, et depuis que celui-ci est tombé dans le bénitier, elle ne peut plus le souffrir ! » Le bonnet de nuit ne m’affecta pas, j’avais la conscience de mon innocence, et je sus même gré à Mme Eugénie de ne m’avoir pas épargnée plus qu’elle n’eût fait d’une autre en pareil cas. Je ne pensai pas qu’elle m’aimait moins, car elle me prouvait sa préférence comme en cachette. Si j’étais souffrante ou triste, elle venait le soir dans ma cellule m’interroger froidement, d’un ton railleur même ; mais c’était de sa part, beaucoup plus que de la part de toute autre, cette sollicitude enjouée, cette démarche de venir à moi qu’elle n’a jamais faite pour aucune autre, que je sache. Je n’éprouvais pas le besoin de lui ouvrir mon cœur comme avec