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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/498

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avec ma croyance. Les religieuses me traitèrent avec une grande affection ; mais, je dois le dire, sans aucune flatterie et sans chercher, par aucun des moyens de séduction qu’on reproche aux communautés religieuses d’exercer envers leurs élèves, à m’inspirer plus de ferveur. Leur dévotion était calme, un peu froide peut-être, digne et même fière. Hormis une seule, elles n’avait ni le don ni la volonté du prosélytisme entraînant, soit que cette réserve tînt à l’esprit de leur ordre, ou au caractère britannique, dont elles ne se départaient point.

Et puis, quelles remontrances, quelles exhortations aurait-on pu m’adresser ? J’étais si entière dans ma foi, si logique dans mon enthousiasme ! Jamais de tiédeur, jamais d’oubli, jamais de relâchement possible à un esprit enfiévré comme était le mien. La corde était trop tendue pour se détendre d’elle-même, elle se serait plutôt brisée.

Marie Alicia continua d’être angéliquement bonne avec moi. Elle ne m’aima pas davantage après ma conversion qu’elle n’avait fait auparavant, et ce fut une raison pour moi d’augmenter d’affection pour elle. En goûtant la douceur de cette amitié maternelle si pure et si soutenue, je savourais la perfection de cette âme d’élite qui me chérissait si bien pour moi-même, puisqu’elle avait aimé la pécheresse, l’enfant ingouverné et ingouvernable, autant qu’elle aimait la convertie, l’enfant soumis et rangé.