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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/501

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nt terne et comme terreux. Et cependant cette laideur avait quelque chose de touchant ; cette figure calme dans la souffrance avait comme une habitude et une insouciance du malheur qu’on ne comprenait pas bien au premier abord, et qu’on eût pu prendre pour une indifférence grossière, mais qui se révélait quand on avait lu dans son âme, et dont chaque indice venait confirmer le poème obscur et rude de sa propre vie. Ses dents étaient les plus belles que j’aie jamais vues, blanches, petites, saines et rangées comme un collier de perles. Quand on se souhaitait une beauté idéale, on parlait des yeux d’Eugenia Izquierdo, du nez de Maria Dormer, des cheveux de Sophie et des dents de Sister Helen.

Quand je la vis ainsi défaillante, je courus à elle, comme de juste ; je la soutins dans mes bras, je ne savais que faire pour la secourir. Je voulais monter à l’ouvroir, appeler quelqu’un. Elle retrouva ses forces pour m’en empêcher, et, se levant, elle voulut reprendre son fardeau et continuer son ouvrage ; mais elle se traînait d’une si piteuse façon, qu’il ne me fallut pas beaucoup de vertu pour m’emparer de ses seaux et pour les emporter à sa place. Je la retrouvai, le balai à la main et se dirigeant vers l’église. « Ma sœur, lui dis-je, vous vous tuez. Vous êtes trop malade pour travailler aujourd’hui. Laissez-moi l’aller dire à Poulette pour qu’elle envoie quelqu’un nettoyer l’église, et vous irez vous