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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/504

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tout, je me sens si forte qu’ils pourraient bien se tromper. Allons ! qu’il en soit comme Dieu voudra ! »

Elle se leva en ajoutant : « Voulez-vous venir ce soir dans ma cellule, vous me donnerez la première leçon ? »

J’y consentis à regret, mais sans hésiter. Cette pauvre sœur m’inspirait, malgré moi, de la répugnance, non pas elle, mais ses vêtemens qui étaient immondes et dont l’odeur me causait des nausées. Et puis, j’aimais mieux mon heure d’extase, le soir à l’église, que de donner une leçon de français à une personne fort peu intelligente et qui ne savait que fort mal l’anglais.

Je m’y résignai pourtant, et le soir venu, j’entrai pour la première fois dans la cellule de sœur Hélène. Je fus agréablement surprise de la trouver d’une propreté exquise et toute parfumée de l’odeur du jasmin qui montait du préau jusqu’à sa fenêtre. La pauvre sœur était propre aussi, elle avait sa robe de serge violette neuve ; ses petits objets de toilette bien rangés sur un table attestaient le soin qu’elle prenait de sa personne. Elle vit dans mes yeux ce qui me préoccupait. « Vous voilà étonnée, me dit-elle, de trouver propre et même recherchée sous ce rapport une personne qui remplit sans chagrin les plus viles fonctions. C’est parce que j’ai horreur de la saleté et des mauvaises odeurs que j’ai accepté gaîment ces fonctions-là. Quand je suis