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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/518

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la fortune ? Je l’ignore, on ne s’occupait guère de cela parmi les dévotes. Je crois que le père était encore aux Indes quand je connus ses filles. La mère y était à coup sûr, et n’avait pas vu ses enfans depuis une douzaine d’années.

Lavinia était une charmante enfant, timide, impressionnable, rougissant à tout propos, d’une douceur parfaite, ce qui ne l’empêchait pas d’être un peu diable et fort peu dévote. Ses tantes et sa sœur la grondaient souvent. Elle ne s’en souciait pas énormément.

Elisa était d’une beauté incomparable et d’une intelligence supérieure. C’était le plus admirable résultat possible de l’union de la race anglaise avec le type indien. Elle avait un profil grec d’une pureté de lignes exquises, un teint de lis et de roses sans hyperbole, des cheveux châtains superbes, des yeux bleus d’une douceur et d’une pénétration frappantes, une sorte de fierté caressante dans la physionomie ; le regard et le sourire annonçaient la tendresse d’un ange, le front droit, l’angle facial fortement accusé, je ne sais quoi de carré dans une taille magnifique de proportions, révélaient une grande volonté, une grande puissance, un grand orgueil.

Dès son plus jeune âge, toutes les forces de cette âme vigoureuse s’étaient tournées vers la piété. Elle nous arriva sainte, comme je l’ai toujours connue, ferme dans sa résolution de se faire religieuse, et cultivant dans son cœur une