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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/519

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seule amitié exclusive, le souvenir d’une religieuse de son couvent d’Irlande, sœur Maria Borgia de Chantal, qui a toujours encouragé sa vocation, et qu’elle est allée rejoindre plus tard en prenant le voile. La plus grande marque d’amitié qu’elle m’ait donnée, c’est un petit reliquaire que j’ai toujours à ma cheminée, et qu’elle tenait de cette religieuse. Je lis encore sur l’envers : M. de Chantal, to E. 1816. Elle y tenait tant qu’elle me fit promettre de ne jamais m’en séparer, et je lui ai tenu parole. Il m’a suivie partout. Dans un voyage, le verre s’est cassé, la relique s’est perdue, mais le médaillon est intact, et c’est le reliquaire lui-même qui est devenu relique pour moi.

Cette belle Elisa était la première dans toutes les études, la meilleure pianiste du couvent, celle qui faisait tout mieux que les autres, puisqu’elle y portait à dose égale les facultés naturelles et la volonté soutenue. Elle faisait tout cela en vue d’être propre à diriger l’éducation des jeunes Irlandaises qui lui seraient confiées un jour à Cork, car elle était pour son couvent de Cork comme moi pour mon couvent des Anglaises. Marie Borgia était son Alicia et son Hélène. Elle ne comprenait pas qu’elle pût être religieuse ailleurs, et sa vocation n’en était pas moins certaine, puisqu’elle y a persisté avec joie.

Elle avait bien plus raison que moi en songeant à se rendre utile dans le cloître. Moi, je