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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/525

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CHAPITRE QUINZIÈME.

Le cimetière. — Mystérieux orage contre sœur Hélène. — Premiers doutes instinctifs. — Mort de la mère Alippe. — Terreurs d’Elisa. — Second mécontentement intérieur. — Langueurs et fatigues. — La maladie des scrupules. — Mon confesseur me donne pour pénitence l’ordre de m’amuser. — Bonheur parfait. — Dévotion gaie. — Molière au couvent. — Je deviens auteur et directeur des spectacles. — Succès inouï du Malade imaginaire devant la communauté. — Jane. — Révolte. — Mort du duc de Berry. — Mon départ du couvent. — Mort de Mme Canning. — Son administration. — Élection de Mme Eugénie. — Décadence du couvent.


J’avais passé plusieurs mois dans la béatitude, mes jours s’écoulaient comme des heures. Je jouissais d’une liberté absolue depuis que je n’étais plus d’humeur à en abuser. Les religieuses me menaient avec elles dans tout le couvent, dans l’ouvroir où elles m’invitaient à prendre le thé ; dans la sacristie, où j’aidais à ranger et à plier les ornemens d’autel ; dans la tribune de l’orgue, où nous répétions les chœurs et motets ; dans la chambre des novices, qui était une salle servant d’école de plain-chant ; enfin dans le cimetière, qui était le lieu le plus interdit aux pensionnaires. Ce cimetière, placé entre l’église et le mur du jardin des Écossais, n’était qu’un parterre de fleurs sans tombes et sans