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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/545

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ennuyé de perdre son temps. « Tenez, me dit-il, je ne vous comprends plus, et j’ai peur que vous n’ayez l’esprit malade. Voulez-vous m’autoriser à m’informer de votre conduite auprès de la supérieure ou de telle personne que vous me désignerez ? — Qu’apprendrez-vous par là ? lui dis-je. Des personnes indulgentes et qui me chérissent vous diront que j’ai les apparences de la vertu ; mais si le cœur est mauvais et l’âme égarée, moi seule puis en être juge, et le bon témoignage que l’on vous portera de moi ne me rendra que plus coupable. — Vous seriez donc hypocrite ? reprit-il. Eh non, c’est impossible ! Laissez-moi m’informer de vous. J’y tiens essentiellement. Revenez à quatre heures, nous causerons. »

Je crois qu’il vit la supérieure et Mme Alicia. Quand je fus le retrouver, il me dit en souriant : « Je savais bien que vous étiez folle, et c’est de cela que je veux vous gronder. Votre conduite est excellente, vos dames en sont enchantées : vous êtes un modèle de douceur, de ponctualité, de piété sincère ; mais vous êtes malade, et cela réagit sur votre imagination : vous devenez triste, sombre et comme extatique. Vos compagnes ne vous reconnaissent plus, elles s’étonnent et vous plaignent. Prenez-y garde, si vous continuez ainsi, vous ferez haïr et craindre la piété, et l’exemple de vos souffrances et de vos agitations empêchera plus de conversions qu’il n’en