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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/544

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que ses dangers et le mal produit habituellement sont immenses.

J’en parle par esprit de justice et d’examen, mon expérience personnelle me conduirait à d’autres conclusions, si je me renfermais dans ma personnalité pour juger le reste du monde. J’eus le bonheur de rencontrer un digne prêtre, qui fut longtemps pour moi un ami tranquille, un conseiller fort sage. Si j’avais eu affaire à un fanatique, je serais morte ou folle, comme je l’ai dit ; à un imposteur, je serais peut-être athée, du moins j’aurais pu l’être par réaction pendant un temps donné.

L’abbé de Prémord fut pendant quelque temps la dupe généreuse de mes confessions. Je m’accusais de froideur, de relâchement, de dégoût, de sentimens impies, de tiédeur dans mes exercices de piété, de paresse à la classe, de distraction à l’église, de désobéissance par conséquent, et cela, disais-je, toujours, à toute heure, sans contrition efficace, sans progrès dans ma conversion, sans force pour arriver à la victoire. Il me grondait bien doucement, me prêchait la persévérance et me renvoyait en disant : « Allons, espérons, ne vous découragez pas : vous avez du repentir, donc vous triompherez. »

Enfin, un jour que je m’accusais plus énergiquement encore, et que je pleurais amèrement, il m’interrompit au beau milieu de ma confession avec la brusquerie d’un brave homme