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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/548

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Quoi, mon père, lui dis-je, je me distrairai, je me dissiperai ce soir, et vous voulez que je communie demain ? — Oui, vraiment, je le veux, reprit-il, et puisque je vous ordonne de vous amuser par pénitence, vous aurez accompli un devoir. — Je me soumets à tout si vous me promettez que Dieu m’en saura gré et qu’il me rendra ces doux transports, ces élans spirituels qui me faisaient sentir et savourer son amour. — Je ne puis vous le promettre de sa part, dit-il en souriant, mais je vous en réponds, vous verrez. »

Et le bonhomme me congédia, stupéfaite, bouleversée, effrayée de son ordonnance. J’obéis cependant, l’obéissance passive étant le premier devoir du chrétien, et je reconnus bien vite qu’il n’est pas fort difficile à quinze ans de reprendre goût à la corde et aux balles élastiques. Peu à peu je me remis au jeu avec complaisance, et puis avec plaisir, et puis avec passion, car le mouvement physique était un besoin de mon âge, de mon organisation, et j’en avais été trop longtemps privée pour n’y pas trouver un attrait nouveau.

Mes compagnes revinrent à moi avec une grâce extrême, ma chère Fanelly la première, et puis Pauline, et puis Anna, et puis toutes les autres, les diables comme les sages. En me voyant si gaie, on crut un instant que j’allais redevenir terrible. Elisa m’en gronda un peu, mais je lui raconta, ainsi qu’à celles qui recherchaient