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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/549

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et méritaient ma confiance, ce qui s’était passé entre l’abbé de Prémord et moi, et ma gaîté fut acceptée comme légitime et même comme méritoire.

Tout ce que mon bon directeur m’avait prédit m’arriva. Je recouvrai promptement la santé physique et morale. Le calme se fit dans mes pensées ; en interrogeant mon cœur, je le trouvai si sincère et si pur que la confession devint une courte formalité destinée à me donner le plaisir de communier. Je goûtai alors l’indicible bien-être que l’esprit jésuitique sait donner à chaque nature selon son penchant et sa portée. Esprit de conduite admirable dans son intelligence du cœur humain et dans les résultats qu’il pourrait obtenir pour le bien, si, comme l’abbé de Prémord, tout homme qui le professe et le répand avait l’amour du bien et l’horreur du mal ; mais les remèdes deviennent des poisons dans certaines mains, et le puissant levier de l’école jésuitique a semé la mort et la vie avec une égale puissance dans la société et dans l’Église.

Il se passa alors environ six mois qui sont restées dans ma mémoire comme un rêve, et que je ne demande qu’à retrouver dans l’éternité pour ma part de paradis. Mon esprit était tranquille. Toutes mes idées étaient riantes. Il ne poussait que des fleurs dans mon cerveau, naguère hérissé de rochers et d’épines. Je voyais à toute heure le ciel ouvert devant moi, la Vierge