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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/552

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puis elle y prit plaisir, et engagea Mme Eugénie et Mme Françoise à venir voir s’il n’y avait rien d’illicite dans ce divertissement. Ces dames rirent et approuvèrent.

Il se fit rapidement de grands progrès dans nos représentations. On nous prêta de vieux paravens pour faire nos coulisses. Les accessoires nous vinrent de toutes parts. Chacune apporta de chez ses parens des matériaux pour les costumes. La difficulté était de s’habiller en homme. La pudeur et les nonnes ne l’eussent pas souffert. J’imaginai le costume Louis XIII, qui conciliait la décence et la possibilité de s’arranger. Nos jupes froncées en bas jusqu’à mi-jambes formèrent les haut-de-chausses ; nos corsages mis sens devant derrière, un peu arrangés et ouverts sur des mouchoirs froncés en devant de chemise, et en crevés de manches, formèrent les pourpoints. Deux tabliers cousus ensemble firent des manteaux. Les rubans, perruques, chapeaux et fanfreluches ne furent pas difficiles à se procurer. Quand on manquait de plumes, on en faisait en papier découpé et frisé. Les pensionnaires sont adroites, inventives et savent tirer parti de tout. On nous permit les bottes, les épées et les feutres. Les parens en fournirent. Bref, les costumes furent satisfaisans, et l’on fut indulgent pour la mise en scène. On voulut bien prendre une grande table pour un pont et un escabeau