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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/551

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pour la grande classe. Depuis ma conversion la diablerie n’avait plus battu que d’une aile. Elle se réveilla sous une forme tout à fait inattendue : on devint anodin, diable à l’eau de rose, c’est-à-dire franchement espiègle, sans esprit de révolte, sans rupture avec le devoir. On travailla aux heures de travail, on rit et on joua aux heures de récréation comme on n’avait jamais fait. Il n’y eut plus de coteries, plus de camps séparés entre les diables, les sages et les bêtes. Les diables se radoucirent, les sages s’égayèrent, les bêtes prirent du jugement et de la confiance, parce qu’on sut les utiliser et les divertir.

Ce grand progrès dans les mœurs du couvent se fit au moyen des amusemens en commun. Nous imaginâmes, entre cinq ou six de la grande classe, d’improviser des charades ou plutôt de petites comédies, arrangées d’avance par scénarios et débitées d’abondance. Comme j’avais, grâce à ma grand’mère, un peu plus de littérature que mes camarades et une sorte de facilité à mettre en scène des caractères, je fus l’auteur de la troupe. Je choisis mes acteurs, je commandai les costumes ; je fus fort bien secondée et j’eus des sujets très remarquables. Le fond de la classe, donnant sur le jardin, devint théâtre aux heures permises. Nos premiers essais furent comme le début de l’art à son enfance ; la comtesse les toléra d’abord,