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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/574

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nous. Je ne sais quel orage nouveau venait d’éclater dans ces derniers temps. Ma mère répondit brusquement à mes questions : « Non, certes ! je ne retournerai à Nohant que quand ma belle-mère sera morte ! »

Je sentis que tout se brisait encore une fois dans ma triste existence domestique. Je n’osai faire de questions ; j’avais une crainte poignante d’entendre, de part ou d’autre, les amères récriminations du passé. Ma piété, autant que ma tendresse filiale, me défendait d’écouter le moindre blâme sur l’une ou sur l’autre. J’essayai en silence de les rapprocher ; elles s’embrassèrent, les larmes aux yeux, devant moi ; mais c’étaient des larmes de souffrance contenue et de reproche mutuel. Je le vis bien, et je cachai les miennes.

J’offris encore une fois à ma mère de me prononcer afin de pouvoir rester avec elle, ou tout au moins de décider ma bonne maman à l’emmener avec moi.

Ma mère repoussa énergiquement cette idée. « Non, non, dit-elle, je déteste la campagne, et Nohant surtout, qui ne me rappelle que des douleurs atroces. Ta sœur est une grande demoiselle que je ne peux plus quitter. Va-t’en sans te désoler, nous nous retrouverons, et peut-être plus tôt que l’on ne croit ! »

Cette allusion obstinée à la mort de ma grand’mère était déchirante pour moi. J’essayai de dire que cela était cruel pour mon cœu