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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/573

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et désespérée, si je te laissais sans guide et sans appui dans la vie. »

Devant cette menace de son désespoir et de son épouvante au moment suprême, j’étais épouvantée et désespérée, moi aussi. « Est-ce qu’on va vouloir me marier ? me disais-je ? Est-ce que c’est une affaire arrangée ? M’a-t-on fait sortir du couvent juste pour cela ? Quel est donc ce mari, ce maître, cet ennemi de mes vœux et de mes espérances ? Où se tient-il caché ? Quel jour va-t-on me le présenter, en me disant : Ma fille, il faut dire oui, ou me porter un coup mortel ! »

Je vis pourtant bien qu’on ne s’occupait que vaguement et comme préparatoirement de ce grand projet. Mme de Pontcarré proposait quelqu’un ; ma mère proposait, de par mon oncle de Beaumont, une autre personne. Je vis le parti de Mme de Pontcarré, et elle me demanda mon opinion. Je lui dis que ce monsieur m’avait semblé fort laid. Il paraît qu’au contraire il était beau, mais je ne l’avais pas regardé, et Mme de Pontcarré me dit que j’étais une petite sotte.

Je me rassurai tout à fait en voyant qu’on faisait les paquets pour Nohant sans rien conclure, et même j’entendis ma bonne maman dire qu’elle me trouvait si enfant, qu’il fallait encore m’accorder six mois, peut-être un an de répit.

Soulagée d’une anxiété affreuse, je retombai bientôt dans un autre chagrin. J’avais espéré que ma petite mère viendrait à Nohant avec