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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/583

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Pauline, ma blonde et enjouée compagne du couvent.

Pauline, à seize ans comme à six, était toujours cette belle indifférente qui se laissait aimer sans songer à vous rendre la pareille. Son caractère était charmant comme sa figure, comme sa taille, comme ses mains, comme ses cheveux d’ambre, comme ses joues de lis et de roses ; mais comme son cœur ne se manifestait jamais, je n’ai jamais su s’il existait, et je ne pourrais dire que cette aimable compagne ait été mon amie.

Sa mère était bien différente. C’était une âme passionnée jointe à un esprit éblouissant. Trop sanguine et trop replète pour être encore belle (j’ignore même si elle l’avait jamais été), elle avait des yeux noirs si magnifiques et une physionomie si vivante, une si belle voix et tant d’âme pour chanter, une conversation si réjouissante, tant d’idées, tant d’activité, tant d’affection dans les manières, qu’elle exerçait un charme irrésistible. Elle était de l’âge de mon père, et ils avaient joué ensemble dans leur enfance. Ma grand’mère aimait à parler de son cher fils avec elle, et s’était prise d’amitié pour elle assez récemment, bien qu’elle l’eût toujours connue ; mais cette amitié fit bientôt place chez elle à un sentiment contraire, dont je ne m’aperçus pas assez tôt pour ne pas la faire souffrir.

Dans les commencemens, tout allait si bien entre elles, que je ne me défendis point de l’attrait