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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/584

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de cette amitié pour mon compte. Très naturellement, je passais beaucoup plus de temps avec Pauline et sa mère, ingambes et actives toutes deux, qu’auprès du fauteuil où ma grand’mère écrivait ou sommeillait presque toute la journée. Elle-même exigeait que je fisse soir et matin de grandes courses, et de la musique avec ces dames dans la journée. Mme de Pontcarré était un excellent professeur. Elle nous lançait, Pauline et moi, dans les partitions à livre ouvert, nous accompagnant avec feu et soutenant nos voix de l’énergie sympathique de la sienne. Nous avons déchiffré ensemble Armide, Iphigénie, Œdipe, etc. Quand nous étions un peu ferrées sur un morceau, nous ouvrions les portes pour que bonne maman pût entendre, et son jugement n’était pas la moins bonne leçon. Mais bien souvent la porte se trouvait fermée au verrou. Ma grand’mère avait conservé l’habitude d’être seule, ou avec Mlle Julie, qui lui faisait la lecture. Nous étions trop jeunes et trop vivantes pour que notre compagnie assidue lui fût agréable. La pauvre femme s’éteignait doucement, et il n’y paraissait pas encore. Elle se montrait aux repas avec un peu de rouge sur les joues, des diamans aux oreilles, la taille toujours droite et gracieuse dans sa douillette pensée, causant bien et répondant à propos ; esclave d’un savoir-vivre aimable qui lui faisait cacher ou surmonter de fréquentes défaillances, elle semblait jouir d’une belle vieillesse