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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/589

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et sur plusieurs autres. Au bout de peu de jours notre ancienne amitié revint, et, recommençant à courir et à folâtrer ensemble, il ne nous sembla plus que nous nous fussions jamais quittés.

Ce fut lui qui me communiqua le goût de monter à cheval, et cet exercice physique devait influer beaucoup sur mon caractère et mes habitudes d’esprit.

Le cours d’équitation qu’il me fit n’était ni long ni ennuyeux. « Vois-tu, me dit-il un matin que je lui demandais de me donner la première leçon, je pourrais faire le pédant et te casser la tête du manuel d’instruction que je professe à Saumur, à des conscrits qui n’y comprennent rien, et qui, en somme, n’apprennent qu’à force d’habitude et de hardiesse ; mais tout se réduit d’abord à deux choses : tomber ou ne pas tomber ; le reste viendra plus tard. Or, comme il faut s’attendre à tomber, nous allons chercher un bon endroit pour que tu ne t’y fasses pas trop de mal. » Et il m’emmena dans un pré immense dont l’herbe était épaisse. Il monta sur le général Pepe, menant Colette en main.

Pepe était un très beau poulain, petit-fils du fatal Léopardo, et que, dans mon enthousiasme naissant pour la révolution italienne, j’avais gratifié du nom d’un homme héroïque qui a été mon ami par la suite des temps. Colette, que l’on appelait dans le principe mademoiselle