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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/588

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villageoise d’opéra-comique, était belle comme un ange. Deschartres jouait aussi, et jouait très mal. Tout alla néanmoins le mieux du monde, malgré les terreurs de Pauline, qui pleura de peur en entrant en scène. N’ayant jamais connu ce genre de timidité, je jouai très résolument, ce qui consola un peu ma bonne maman de me voir travestie en garçon, pendant que Pauline brillait de tout le charme de sa beauté et de tous les atours de son sexe.

Quelque temps après, Mme de Pontcarré partit avec sa fille et M. de Trémoville, dont je me souviens comme du meilleur homme du monde ; père de famille excellent, il nous traitait, Pauline et moi, comme ses enfans, et nous abusions tellement de son facile et aimable caractère, que ma grand’mère elle-même, dans ses momens de gaîté, l’avait surnommé la bonne de ces demoiselles.

Mais je ne sais quelle irritation profonde resta contre Mme de Pontcarré et Pauline dans le cœur de ma grand’mère. Affligée de leur départ, je dus pourtant me trouver soulagée de voir finir les étranges et incompréhensibles querelles qu’elles m’attiraient. Hippolyte vint en congé, et nous fûmes d’abord intimidés l’un devant l’autre. Il était devenu un beau maréchal de logis de hussards, faisant ronfler les r, domptant les chevaux indomptables, et ayant son franc parler avec Deschartres, qui lui permettait de le taquiner, comme avait fait mon père, sur le chapitre de l’équitation