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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/602

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actions démentaient continuellement ses paroles, mais elle n’en convenait pas et maintenait volontiers son dire. En y réfléchissant, j’eus une vague inquiétude, et je redescendis chez elle vers minuit, comme pour reprendre mon livre oublié. Elle était déjà couchée et enfermée, s’étant sentie assoupie un peu plus tôt que de coutume. Ses femmes n’avaient rien trouvé d’extraordinaire en elle, et je remontai fort tranquille.

Depuis trois ou quatre mois, je dormais fort peu. Je n’avais point passé une semaine dans la véritable intimité de ma grand’mère sans m’aviser du peu d’instruction que j’avais acquise au couvent, et sans reconnaître avec le sincère Deschartres que j’étais, selon son expression favorite, d’une ignorance crasse. Le désir de ne pas impatienter la bonne maman, qui me reprochait bien un peu vivement quelquefois de lui avoir fait dépenser trois années de couvent pour ne rien apprendre, me poussa, plus que la curiosité ou l’amour-propre, à vouloir m’instruire un peu. Je souffrais de lui entendre dire que l’éducation religieuse était abrutissante, et j’apprenais un peu en cachette, afin de lui en laisser attribuer l’honneur à mes religieuses.

J’entreprenais là une chose impossible. Quiconque manque de mémoire ne peut jamais être instruit réellement, et j’en étais complétement dépourvue. Je me donnais un mal inouï pour mettre de l’ordre dans mes petites notion