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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/611

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inssent de moi, et me traita comme une personne mûre, capable de diriger les autres et soi-même.

C’était beaucoup présumer de ma capacité, et cependant bien lui en prit, comme on le verra par la suite.

Je n’eus pas de grandes peines à me donner pour maintenir l’ordre établi dans la maison. Tous les domestiques étaient fidèles. Comme fermier, Deschartres continuait à diriger les travaux de la campagne, auxquels il m’eût été impossible de rien entendre, malgré tous ses efforts antérieurs pour m’y faire prendre goût. J’étais née amateur, et rien de plus.

Ce pauvre Deschartres, voyant que l’état de ma grand’mère, en me privant de mon unique et de ma plus douce société intellectuelle, me jetait dans un ennui et dans un découragement profonds, que je maigrissais à vue d’œil, et que ma santé s’altérait sensiblement, fit tout son possible pour me distraire et me secouer. Il me donna Colette en toute propriété, et même, pour me rendre le goût de l’équitation, que je perdais avec mon activité, il m’amena toutes les pouliches et tous les poulains de ses domaines, me priant, après les avoir essayés, de m’en servir pour varier mes plaisirs. Ces essais lui coûtèrent plus d’une chute sur le pré, et il fut forcé de convenir que, sans rien savoir, j’étais plus solide que lui qui se piquait de théorie. Il était si raide et si compassé à cheval, qu’il s’y fatiguait vite,