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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/623

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il me sembla entièrement nouveau, et je vis toutes les conséquences terribles de son application dans la pratique de la vie. Il me commandait d’oublier toute affection terrestre, d’éteindre toute pitié dans mon sein, de briser tous les liens de la famille, de n’avoir en vue que moi-même et de laisser tous les autres au jugement de Dieu. Je commençai à être effrayée et à me repentir sérieusement d’avoir marché entre la famille et le cloître sans prendre un parti décisif. Trop sensible au chagrin de mes parens ou au besoin qu’ils pouvaient avoir de moi, j’avais été irrésolue, craintive. J’avais laissé mon zèle se refroidir, ma résolution vaciller et se changer en un vague désir mêlé d’impuissans regrets. J’avais fait de nombreuses concessions à ma grand’mère, qui voulait me voir instruite et lettrée. J’étais le serviteur paresseux et plaintif, qui ne se veut point dégager de toute affection charnelle et de toute condescendance particulière. J’avais donc répudié la doctrine, à partir du jour où, cédant aux ordres de mon directeur, j’étais devenue gaie, affectueuse, obligeante avec mes compagnes, soumise et dévouée envers mes parens. Tout était coupable en moi, même mon admiration pour sœur Hélène, même mon amitié pour Marie Alicia, même ma sollicitude pour ma grand’mère infirme… Tout était criminel dans ma conscience et dans ma conduite. — Ou bien le livre, le divin livre avait menti.