Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/646

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

euses n’avaient pas d’opinion sur les affaires de la France, et ne m’avaient jamais dit que la religion commandât de prendre parti pour ou contre quoi que ce soit. Je n’avais rien vu, rien lu, rien entendu dans les enseignemens religieux qui me prescrivît, dans cet ordre d’idées, de demander au spirituel l’appréciation du temporel. Mme de Pontcarré, très passionnée légitimiste, très ennemie des doctrinaires d’alors, qu’elle traitait aussi de Jacobins, m’avait étonnée par son besoin d’identifier la religion à la monarchie absolue. M. de Chateaubriand, dans ses brochures que je lisais avidement, identifiait aussi le trône et l’autel ; mais cela ne m’avait pas influencée notablement. Chateaubriand me touchait comme littérateur, et ne me pénétrait pas comme chrétien. Son œuvre, où j’avais passé à dessein l’épisode de Réné, comme un hors-d’œuvre à lire plus tard, ne me plaisait déjà plus que comme initiation à la poésie des œuvres de Dieu et des grands hommes.

Mably m’avait fort mécontentée. Pour moi, c’était une déception perpétuelle que ces élans de franchise et de générosité, arrêtés sans cesse par le découragement en face de l’application. « À quoi bon ces beaux principes, me disais-je, s’ils doivent être étouffés par l’esprit de modération ? Ce qui est vrai, ce qui est juste doit être observé et appliqué sans limites. »

J’avais l’ardeur intolérante de mon âge. Je