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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/650

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— Il s’agit bien d’aimer Dieu ! disait le naïf pédagogue. Aimez-le tant que vous voudrez, mais il vient là comme à propos de bottes !

— Ah ! c’est que vous ne comprenez pas pourquoi je veux m’instruire.

— Bah ! on s’instruit…… pour s’instruire ! répondait-il en levant les épaules.

— Justement, c’est ce que je ne veux pas faire. Allons, bonsoir, je vais écouter les rossignols. »

Et je m’en allais, non pas fatiguée d’esprit (Deschartres démontrait trop bien pour irriter les fibres du cerveau), mais accablée de cœur, chercher à l’air libre de la nuit et dans les délices de la rêverie la vie qui m’était propre et que je combattais en vain. Ce cœur avide se révoltait dans l’inaction où le laissait le travail sec de l’attention et de la mémoire. Il ne voulait s’instruire que par l’émotion, et je trouvais dans la poésie des livres d’imagination et dans celle de la nature, se renouvelant et se complétant l’une par l’autre, un intarissable élément à cette émotion intérieure, à ce continuel transport divin que j’avais goûtés au couvent, et qu’alors j’appelais la grâce.


FIN DU TOME HUITIÈME.


Typographie L. Schnauss.