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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/665

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quelque chagrin qu’on eût autour de lui ; intolérant en paroles, débonnaire en actions ; grand diseur de calembours et de calembredaines monacales ; vaniteux comme une femme de ses toilettes d’apparat, de son rang et de ses priviléges ; cynique dans son besoin de bien-être ; bruyant, colère, évaporé, bonnasse, ayant toujours faim ou soif, ou envie de sommeiller, ou envie de rire pour se désennuyer, enfin le chrétien le plus sincère à coup sûr, mais le plus impropre au prosélytisme que l’on puisse imaginer.

C’était justement le seul prêtre qui pût amener ma grand’mère à remplir les formalités catholiques, parce qu’il était incapable de soutenir aucune discussion contre elle, et ne l’essaya même pas.

« Chère maman, lui dit-il, résumant sa lettre, sans préambule, dès la première heure qu’il passa auprès d’elle, vous savez pourquoi je suis venu ; je ne vous ai pas prise en traître et n’irai pas par quatre chemins. Je veux sauver votre âme. Je sais bien que cela vous fait rire ; vous ne croyez pas que vous serez damnée parce que vous n’aurez pas fait ce que je vous demande ; mais moi, je le crois, et comme, grâce à Dieu, vous voilà guérie, vous pouvez bien me faire ce plaisir-là, sans qu’il vous en coûte la plus petite frayeur d’esprit. Je vous prie donc, vous qui m’avez toujours traité comme votre fils, d’être bien gentille et bien complaisante pour votre gros