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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/666

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enfant. Vous savez que je vous crains trop pour discuter contre vous et vos beaux esprits reliés en veau. Vous en savez beaucoup trop long pour moi ; mais il ne s’agit pas de ça ; il s’agit de me donner une grande marque d’amitié, et me voilà tout prêt à vous la demander à genoux. Seulement, comme mon ventre me gênerait fort, voilà votre petite fille qui va s’y mettre à ma place. »

Je restai stupéfaite d’un pareil discours, et ma grand’mère se prit à rire. L’archevêque me poussa à ses pieds : « Allons donc, dit-il, je crois que tu te fais prier pour m’aider, toi ! »

Alors ma grand’mère me regardant agenouillée, passa du rire à une émotion subite. Ses yeux se remplirent de larmes, et elle me dit en m’embrassant : « Eh bien ! tu me croiras donc damnée si je te refuse ? — Non ! m’écriai-je impétieusement, emportée par l’élan d’une vérité intérieure plus forte que tous les préjugés religieux. Non, non ! je suis à genoux pour vous bénir et non pas pour vous prêcher.

— En voilà une petite sotte ! » s’écria l’archevêque, et me prenant par le bras, il voulut me mettre à la porte ; mais ma grand’mère me retint contre son cœur. « Laissez-la, mon gros Jean le blanc, lui dit-elle. Elle prêche mieux que vous. Je te remercie, ma fille. Je suis contente de toi, et pour te le prouver, comme je sais qu’au fond du cœur tu désires que je dise oui, je dis oui. Êtes-vous content, monseigneur ? »