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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/668

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grâce au grand esprit et au tendre cœur de cette pauvre infirme qui, le lendemain, était mourante par le corps et comme ressuscitée au moral.

Elle passa une très mauvaise nuit, pendant laquelle il me fut impossible de songer à autre chose qu’à la soigner. Le lendemain matin, la raison était nette et la volonté arrêtée. « Laisse-moi faire, dit-elle, dès les premiers mots que je lui adressai : Je crois qu’en effet je vais mourir. Eh bien, je devine tes scrupules. Je sais que si je meurs sans faire ma paix avec ces gens-là, ou tu te le reprocheras, ou ils te le reprocheront. Je ne veux pas mettre ton cœur aux prises avec ta conscience, ou te laisser aux prises avec tes amis. J’ai la certitude de ne faire ni une lâcheté ni un mensonge en adhérant à des pratiques qui, à l’heure de quitter ceux qu’on aime, ne sont pas d’un mauvais exemple. Aie l’esprit tranquille, je sais ce que je fais. »

Pour la première fois depuis sa maladie je la sentais redevenue la grand’mère, le chef de famille capable de diriger les autres et par conséquent elle-même. Je me renfermai dans l’obéissance passive.

Deschartres lui trouva beaucoup de fièvre et entra en fureur contre l’archevêque. Il voulait le mettre à la porte, et lui attribuait, probablement avec raison, la nouvelle crise qui se produisait dans cette existence chancelante.

Ma grand’mère l’apaisa et lui dit même : « Je