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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/671

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dit dans l’intervalle : « Je ne crois pas que ce brave homme ait eu le pouvoir de me pardonner quoi que ce soit, mais je crois que Dieu a ce pouvoir, et j’espère qu’il a exaucé nos bonnes intentions à tous trois. »

L’archevêque, Deschartres, tous les domestiques de la maison et les ouvriers de la ferme assistèrent à son viatique ; elle dirigea elle-même la cérémonie, me fit placer à côté d’elle et disposa les autres personnes à son gré, suivant l’amitié qu’elle leur portait. Elle interrompit plusieurs fois le curé pour lui dire à demi-voix, car elle entendait fort bien le latin, je crois à cela, ou il importe peu. Elle était attentive à toutes choses, et, conservant l’admirable netteté de son esprit et la haute droiture de son caractère, elle ne voulait pas acheter sa réconciliation officielle au prix de la moindre hypocrisie. Ces détails ne furent pas compris de la plupart des assistans. L’archevêque feignit de ne pas y prendre garde, le curé n’y tenait nullement. Il était là avec son cœur et avait mis d’avance son jugement de prêtre à la porte. Deschartres était fort troublé et irrité, craignant de voir la malade succomber à la suite d’un si grand effort moral. Moi seule j’étais attentive à toutes choses autant que ma grand’mère et, ne perdant aucune de ses paroles, aucune de ses expressions de visage, je la vis avec admiration résoudre le problème de se soumettre à la religion de son temps et de son pays sans