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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/675

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son expression, à l’infaillibilité des papes et à la lettre des conciles. Il aimait réellement ma grand’mère ; n’ayant pas connu d’autre mère, il la regardait comme la sienne ; il s’en allait disant : « Qu’elle meure maintenant, ça m’est égal, je ne suis pas jeune, et je la rejoindrai bientôt. La vie n’est pas une si grosse affaire ! mais je ne me serais jamais consolé de sa perte, si elle eût persisté dans l’impénitence finale. »

Je me permettais de le contredire. « Je vous jure, monseigneur, lui disais-je, qu’elle ne croit pas plus aujourd’hui qu’hier à l’infaillibilité. Ce qu’elle a fait est très chrétien. Avec ou sans cela, elle eût été sauvée ; mais ce n’est pas catholique, ou bien l’Église admet deux catholicismes, l’un qui s’abandonne à toutes ses prescriptions, l’autre qui fait ses réserves et proteste contre la lettre.

— Ah çà ! mais tu deviens très ergoteuse ! s’écriait monseigneur, marchant à grands pas, ou plutôt roulant comme une toupie à travers le jardin. Est-ce que, par hasard, tu donnes aussi dans le Voltaire ? Cette chère maman est capable de t’avoir empestée de ces bavards-là ! Voyons, que fais-tu ? Comment vis-tu ici ? Qu’est-ce que tu lis ?

— En ce moment, monseigneur, je lis les Pères de l’Église, et j’y trouve beaucoup de points de vue contradictoires.

— Il n’y en a pas !