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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/679

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mais vous venez d’avoir un mouvement de vivacité qui prend sa source dans l’orgueil, et je vous engage à vous en repentir et à vous en accuser ici même, si vous voulez que je vous donne l’absolution.

— Non, monsieur, lui répondis-je. Vous êtes dans votre tort, et vous avez causé le mien dont je vous avoue n’être pas disposée à me repentir dans ce moment-ci. »

Il se leva à son tour et me parla avec beaucoup de sécheresse et de colère. Je ne répondis rien. Je le saluai et ne le revis jamais. Je n’allai même plus à la messe à sa paroisse.

À l’heure qu’il est, je ne sais pas encore si j’ai eu tort ou raison de rompre ainsi avec un très honnête homme et un très bon prêtre. Puisque j’étais chrétienne et croyais devoir pratiquer encore le catholicisme, j’aurais dû, peut-être, accepter avec l’esprit d’humilité le soupçon qu’il m’exprimait. Cela ne me fut point possible, et je ne sentis aucun remords de ma fierté. Toute la pureté de mon être se révoltait contre une question indiscrète, imprudente et selon moi étrangère à la religion. J’aurais tout au plus compris les questions de l’amitié, hors du confessional, dans l’abandon de la vie privée ; mais cet abandon n’existait pas entre lui et moi. Je le connaissais fort peu, il n’était pas très vieux, et, en outre, il ne m’était pas sympathique. Si j’avais eu quelque chaste confidence à faire, je