Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/681

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fût-ce qu’une heure par mois, au tribunal de la pénitence. Je savais, par mon frère et par mes petites amies de campagne, comment il écoutait la confession. Il n’en entendait pas un mot, et comme ces enfans espiègles s’accusaient par moquerie des plus grandes énormités, à toutes choses il répondait : « Très bien, très bien. Allons ! est-ce bientôt fini ? »

Je n’aurais pu me débarrasser de ces souvenirs, et comme je sentais bien la dévotion catholique me quitter jour par jour, je ne voulais pas m’exposer à la voir partir tout d’un coup, malgré moi, sans me sentir fondée par quelque raison vraiment sérieuse à l’abjurer volontairement.

Je n’avais jamais fait maigre les vendredis et samedis chez ma grand’mère. Elle ne le voulait pas. L’abbé de Prémord m’avait recommandé d’avance de me soumettre à cette infraction à la règle. Ainsi peu à peu j’arrivai à ne pratiquer que la prière, et encore était-elle presque toujours rédigée à ma guise.

Chose étrange ou naturelle, jamais je ne fus plus religieuse, plus enthousiaste, plus absorbée en Dieu qu’au milieu de ce relâchement absolu de ma ferveur pour le culte. Des horizons nouveaux s’ouvraient devant moi. Ce que Leibnitz m’avait annoncé, l’amour divin redoublé et ranimé par la foi mieux éclairée, Jean-Jacques me l’avait fait comprendre, et ma l