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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/682

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iberté d’esprit, recouvrée par ma rupture avec le prêtre, me le faisait sentir. J’éprouvai une grande sécurité, et de ce jour les bases essentielles de la foi furent inébranlablement posées dans mon âme. Mes sympathies politiques, ou plutôt mes aspirations fraternelles, me firent admettre, sans hésitations et sans scrupule, que l’esprit de l’Église était dévié de la bonne route et que je ne devais pas le suivre sur la mauvaise. Enfin, je m’arrêtai à ceci : que nulle Église chrétienne n’avait le droit de dire : Hors de moi, point de salut.

J’ai entendu depuis des catholiques soutenir, ce que je voulais encore me persuader alors, à savoir : que cette sentence ne ressortait pas absolument des arrêts de l’Église papale. Je pense qu’ils se trompaient, comme j’avais essayé de me tromper moi-même. Mais en supposant qu’ils eussent raison, il faudrait conclure qu’il n’y a pas, qu’il n’y a jamais eu, qu’il ne pourra jamais y avoir d’orthodoxie, ni là, ni ailleurs. Du moment que Dieu ne repousse les fidèles d’aucune Église, le catholicisme n’existe plus. Qu’il paraisse encore excellent à un assez grand nombre d’esprits religieux, et qu’il soit décrété culte de la majorité des Français, je n’y fais aucune opposition de conscience ; mais s’il admet lui-même qu’il ne damne pas les dissidens, il doit admettre la discussion, et nul pouvoir humain ne peut légitimement l’entraver, pourvu