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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/686

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vraiment philosophique, vous avez bien raison, mais vous êtes la vérité qui tue. »

Je ne me souviens pas du reste, mais je sais que j’en fus étonnée et que je la montrai à Deschartres en lui demandant, avec une naïveté complète, pourquoi de grands éloges sur ma logique étaient mêlés d’une sorte de reproche désespéré.

Deschartres n’était pas beaucoup plus expert que moi sur ces matières. Il fut étonné aussi, lui, relut, et me dit avec candeur : « Je crois bien que cela veut être une déclaration d’amour. Qu’est-ce que vous avez donc écrit à ce garçon ?

— Je ne m’en souviens déjà plus, lui dis-je. Peut-être quelques lignes sur La Bruyère, dont je suis coiffée pour le moment. Cela lui sert de prétexte pour revenir, comme vous voyez, sur la conversation que nous avons eue tous les trois à sa dernière visite.

— Oui, oui, j’y suis, dit Deschartres. Vous avez prononcé, de par vos moralistes chagrins, de si beaux anathèmes contre la société, que je vous ai dit : « Quand on voit les choses si en noir, il n’y a qu’un parti à prendre, c’est de se faire religieuse ! Vous voyez à quelles conséquences stupides cela mènerait un esprit aussi absolu que le vôtre. Claudius s’est récrié. Vous avez parlé de la vie de retraite et de renoncement d’une manière assez spécieuse, et à présent ce jeune homme vous dit que vous n’avez