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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/687

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d’amour que pour les choses abstraites et qu’il en mourra de chagrin.

Espérons que non, répondis-je, mais je crois que vous vous trompez. Il me dit plutôt que mon détachement des choses du monde est contagieux, et qu’il tourne lui-même au scepticisme à cet endroit-là. »

La lettre relue, nous nous convainquîmes que ce n’était pas une déclaration, mais au contraire une adhésion à ma manière de voir, un peu trop solennelle, et du ton d’un homme qui se pose en philosophe vainqueur des illusions de la vie.

En effet, Claudius m’écrivit d’autres lettres où il s’expliqua nettement sur la résolution qui s’était faite en lui depuis qu’il me connaissait. J’étais à ses yeux un être supérieur qui avait d’un mot tranché toutes ses irrésolutions. Il n’y avait de but que la science ; la médecine n’était qu’une branche secondaire ; il voulait s’élever aux idées transcendantes, n’avoir pas d’autre passion, et demander aux sciences exactes le but de la création.

Ne cherchant plus de prétextes pour m’écrire, il m’écrivit souvent. Ses lettres avaient quelque valeur par leur sincérité froide et tranchante. Deschartres trouva que ce commerce d’esprit ne m’était pas inutile, et rien ne lui sembla plus naturel qu’une correspondance sérieuse entre deux jeunes gens qui eussent pu fort bien être