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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/689

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me voir en homme, afin de pouvoir se persuader que j’en étais un. Mes jupes gênaient sa gravité de cuistre, et il est certain que quand j’eus suivi son conseil et adopté le sarrau masculin, la casquette et les guêtres, il devint dix fois plus magister, et m’écrasa sous son latin, s’imaginant que je le comprenais bien mieux.

Je trouvai, pour mon compte, mon nouveau costume bien plus agréable pour courir, que mes jupons brodés qui restaient en morceaux accrochés à tous les buissons. J’étais devenue maigre et alerte, et il n’y avait pas si longtemps que je ne portais plus mon uniforme d’aide-de-camp de Murat, pour ne plus m’en souvenir.

Il faut se souvenir aussi qu’à cette époque les jupes sans plis étaient si étroites, qu’une femme était littéralement comme dans un étui, et ne pouvait franchir décemment un ruisseau sans y laisser sa chaussure.

Deschartres avait la passion de la chasse, et il m’y emmenait quelquefois à force d’obsessions. Cela m’ennuyait, justement à cause de la difficulté de traverser les buissons, qui sont multipliés à l’infini et garnis d’épines meurtrières dans nos campagnes. J’aimais seulement la chasse aux cailles avec le hallier et l’appeau dans les blés verts. Il me faisait lever avant le jour. Couchée dans un sillon, j’appelais, tandis qu’à l’autre extrémité du champ il rabattait le gibier. Nous rapportions tous les matins