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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/699

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nommer préjugés ; enfin, il y a celle des sots, qu’on doit mépriser profondément. Quant au scandale, c’est bien clair ! C’est l’impudeur dans le mal, dans le vice, dans toutes les actions mauvaises.

— Vous dites l’impudeur dans le mal : il peut donc y avoir de la pudeur dans le vice, dans toutes les mauvaises actions ?

— Non, c’est une manière de dire : mais enfin, une certaine honte des égaremens où l’on tombe est encore un hommage rendu à la morale publique.

— Oui et non, grand homme ! Celui qui fait le mal par légèreté, par entraînement, par passion, enfin sans en avoir conscience, ne songe pas à s’en cacher. S’il peut oublier le jugement de Dieu, il n’est guère étonnant qu’il oublie celui des hommes. Je plains sa folie. Mais celui qui se cache habilement et sait se préserver du blâme me paraît beaucoup plus odieux. Il pèche donc bien sciemment contre Dieu, celui-là, puisqu’il y porte assez de réflexion pour ne pas se laisser juger par les hommes. Je le méprise !

— C’est très juste. Donc, il ne faut avoir rien de mauvais à cacher.

— Croyez-vous que vous et moi, par exemple, nous ayons à rougir de quelque vice, de quelque penchant au mal ?

— Non certainement.