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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/725

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reintes de la douce monotonie de la vie religieuse, elles ont pour la plupart un ton d’enjouement qui atteste la constante sérénité de cette belle âme. Elle m’appelle toujours mon enfant chéri, ou mon cher tourment, comme dans le temps où j’allais me faire gronder dans sa cellule[1].

Il y a beaucoup d’esprit, de gaîté ou de grâce dans les lettres de jeunes filles que j’ai conservées. Pour détacher un point un peu plus brillant sur la trame lourde et triste de mon récit, je citerai quelques extraits de la manière espiègle et charmante d’une de ces aimables compagnes.


A., 5 avril 21.

« Je t’envie bien, chère Aurore, le plaisir de courir les champs à cheval. Je tourmente mon papa mignon pour qu’il me le procure, car je rêve de me voir une casquette sur l’oreille. J’ai arraché sa promesse. En attendant, j’arpente à pied notre immense jardin de la préfecture. Figure-toi, ma chère, comme nous disions à la classe qu’il s’y trouve des plaines, des allées droites, des terrasses d’une longueur inouïe, et des tours qui dominent une espèce de promenade où il passe beaucoup de monde et où je vas

  1. Dans une de ces lettres, elle me raconte comme quoi Clary de Faudoas a manqué mettre le feu à sa cellule, pour fêter par des illuminations, la naissance du petit duc (Henri V). Je cite ce petit fait comme une date de mon récit.