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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/745

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er qu’il n’était pas le maître absolu chez lui ; mais ma cousine n’était pas dévote alors, et tenait surtout aux manières et au savoir-vivre. Comme je m’inquiétais de ma rusticité, il m’assura qu’il n’y paraissait pas quand je voulais, et qu’il ne s’agissait que de vouloir toujours. « Au reste, me disait-il, si tu trouves quelquefois ta cousine un peu sévère, tu feras à ses exigences du moment le sacrifice de la petite vanité d’écolier, et aussitôt qu’elle t’aura vue plier de bonne grâce, elle t’en récompensera par un grand esprit de justice et de générosité. Chenonceaux te semblera un paradis terrestre, à toi qui n’a jamais rien vu, et si tu y as quelques momens de contrainte je saurai te les faire oublier. Je sens que tu me seras une société charmante : nous lirons, nous disserterons, nous courrons, et même nous rirons ensemble, car je vois que tu es gaie aussi, quand tu n’a pas trop de sujets de chagrin. »

Je m’en remettais donc à lui de mon sort futur avec une grande confiance. Il m’assurait aussi que sa fille Emma, Mme de la Roche-Aymon, partageait la sympathie particulière que j’avais toujours eue pour elle, et qu’à nous trois nous oublierions la gêne du monde, que ni elle ni lui n’aimaient plus que moi.

Il m’avait également parlé de ma mère, sans aigreur et en termes très convenables, en me confirmant tout ce que ma grand’mère m’avait dit en dernier lieu de son peu de désir de m’avoir