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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/749

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sa fille. Je ne pouvais oublier le sentiment et les formes du respect. Quand elle revenait elle-même, je lui restituais ma tendresse avec tous ses témoignages ; mais il m’était impossible de prévenir ce retour en allant baiser des lèvres encore chaudes d’injures contre celle que je vénérais.

L’ouverture du testament amena de nouvelles tempêtes. Ma mère, prévenue par quelqu’un qui trahissait tous les secrets de ma grand’mère (je n’ai jamais su qui), connaissait depuis longtemps la clause qui me séparait d’elle. Elle savait aussi mon adhésion à cette clause : de là sa colère anticipée.

Elle feignit d’ignorer tout jusqu’au dernier moment, et nous nous flattions encore, mon cousin et moi, que l’espèce d’aversion qu’elle me témoignait lui ferait accepter avec empressement cette disposition testamentaire, mais elle était armée de toutes pièces pour en accueillir la déclaration. Sans doute quelqu’un l’avait influencée d’avance, et lui avait fait voir là une injure qu’elle ne devait point accepter. Elle déclara donc très nettement qu’elle ne se laisserait pas réputer indigne de garder sa fille, qu’elle savait la clause nulle, puisqu’elle était ma tutrice naturelle et légitime, qu’elle invoquait la loi, et que ni prières ni menaces ne la feraient renoncer à son droit, qui était effectivement complet et absolu.

Qui m’eût dit cinq ans auparavant que cette réunion tant désirée serait un chagrin et un