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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/798

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considération de fortune, ou amour de la sécurité ? James bataillait contre eux en vrai chevalier de la France, ne voyant que l’honneur du drapeau, l’horreur de l’étranger, la honte de la défaite et la douleur de la trahison. Après sept ans de Restauration, il avait encore des larmes pour les héros du passé, et comme il n’était ni bête, ni ridicule, ni culotte du peau, on écoutait avec émotion ses longues histoires de guerre souvent répétées, mais toujours pittoresques et saisissantes. Je les savais par cœur, et je les écoutais encore, y découvrant un talent de romancier historique qui m’attachait, quoique je fusse bien loin de songer à devenir romancier moi-même. Quelques passages du roman de Jacques m’ont été suggérés par de vagues souvenirs des récits de mon père James.

Puisque j’ai nommé Loïsa Puget, que j’ai perdue de vue au bout de deux ou trois ans, je dois un souvenir à cette enfant remarquable, que j’ai à peine connue jeune fille. Elle avait quelques années de moins que moi, et cela faisait alors une si grande différence, que je ne me rappelle pas sans quelque étonnement l’espèce de liaison que nous avions ensemble. Il est certain qu’elle fut à peu près le seul être avec qui je m’entretins parfois d’art et de littérature au Plessis. Elle était douée d’une grande précocité d’esprit et montrait une aptitude en même temps qu’une paresse singulières dans toutes ses études. Elle