Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/810

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ma mère resta quelques jours, fut aimable et gaie, taquina son futur gendre pour l’éprouver, le trouva bon garçon, et partit en nous permettant de rester ensemble sous les yeux de Mme Angèle. Il avait été convenu que l’on attendrait, pour fixer l’époque du mariage, le retour à Paris de Mme Dudevant, qui avait été passer quelque temps dans sa famille, au Mans. Jusque-là, on devait prendre connaissance entre parens de la fortune réciproque, et le colonel devait régler le sort que, de son vivant, il voulait assurer à son fils.

Au bout d’une quinzaine, ma mère retomba comme une bombe au Plessis. Elle avait découvert que Casimir, au milieu d’une existence désordonnée, avait été pendant quelque temps garçon de café. Je ne sais où elle avait pêché cette billevesée. Je crois que c’était un rêve qu’elle avait fait la nuit précédente, et qu’au réveil elle avait pris au sérieux. Ce grief fut accueilli par des rires qui la mirent en colère. James eut beau lui répondre sérieusement, lui dire qu’il n’avait presque jamais perdu de vue la famille Dudevant, que Casimir n’était jamais tombé dans aucun désordre ; Casimir lui-même eut beau protester qu’il n’y avait pas de honte à être garçon de café, mais que n’ayant quitté l’école militaire que pour faire campagne comme sous lieutenant, et n’ayant quitté l’armée, au licenciement, que pour faire son droit à Paris, demeurant chez son père et jouissant d’une bonne pension, ou le suivant à la campagne