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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/809

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Je n’avais jamais été l’objet de ces soins exclusifs, de cette soumission volontaire et heureuse qui étonnent et touchent un jeune cœur. Je ne pouvais pas ne point regarder bientôt Casimir comme le meilleur et le plus sûr de mes amis.

Nous arrangeâmes avec Mme Angèle une entrevue entre le colonel et ma mère, et jusque-là nous ne fîmes point de projets, puisque l’avenir dépendait du caprice de ma mère, qui pouvait faire tout manquer. Si elle eût refusé, nous devions n’y plus songer et rester en bonne estime l’un de l’autre.

Ma mère vint au Plessis et fut frappée, comme moi, d’un tendre respect pour la belle figure, les cheveux d’argent, l’air de distinction et de bonté du vieux colonel. Ils causèrent ensemble et avec nos hôtes. Ma mère me dit ensuite : « J’ai dit oui, mais pas de manière à ne pas m’en dédire. Je ne sais pas encore si le fils me plaît. Il n’est pas beau. J’aurais aimé un beau gendre pour me donner le bras. » Le colonel prit le mien pour aller voir une prairie artificielle derrière la maison, tout en causant agriculture avec James. Il marchait difficilement, ayant eu déjà de violentes attaques de goutte. Quand nous fûmes séparés, avec James, des autres promeneurs, il me parla avec une grande affection, me dit que je lui plaisais extraordinairement, et qu’il regarderait comme un très grand bonheur dans sa vie de m’avoir pour sa fille.