Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/120

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presque fasciné par le charme de son esprit, l’élévation de ses idées, la grandeur de ses sentiments. C’était la femme la plus belle, la plus éloquente et, à ce qu’il me semblait, la meilleure que j’eusse encore rencontrée. Ensuite…

— Ensuite, dit Alice avec une impétuosité contenue.

— Je la revis dans un bal…

— Au bal de l’Opéra ?

— Il ne tiendrait qu’à moi de croire que j’y suis en cet instant, reprit Laurent avec un enjouement forcé, car vous m’intriguez beaucoup, Madame, par la révélation que vous me faites de mes propres secrets.

— C’était donc un secret, un rendez-vous ? Vous voyez, mon ami, que je ne sais pas tout.

— C’était encore un hasard. Je fus raillé par une femme impétueuse, hardie, éloquente autant que l’autre, mais d’une éloquence bizarre, pleine d’audace et d’effrayantes vérités.

— Comment l’autre ? Je ne comprends plus.

— C’était la même.

— Et laquelle triompha ?

— Toutes deux triomphèrent de mes sophismes philosophiques, toutes deux m’ouvrirent les yeux à