Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/121

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certaines portions de la vérité, et firent naître en moi l’idée de nouveaux devoirs.

— Expliquez-vous, monsieur Laurent, vous parlez par énigmes.

— L’une, celle que j’avais vue vêtue de blanc au milieu des fleurs, représentait le sacrifice et l’abnégation ; l’autre, celle qui se cachait sous un masque noir et que j’entrevoyais à travers la poussière et le bruit, me représentait la révolte de l’esclave qui brise ses fers et la rage héroïque du blessé percé de coups qui ne veut pas mourir. Une troisième figure m’apparut qui réunissait en elle seule les deux autres aspects : c’était la force et l’accablement, le remords et l’audace, la tendresse et l’orgueil, la haine du mal avec la persistance dans le mal ; c’était Madeleine échevelée dans les larmes, et Catherine de Russie enfonçant sa couronne sur sa tête avec un terrible sourire. Ces deux femmes sont en elle : Dieu a fait la première, la société a fait la seconde.

— Vous m’effrayez et vous m’attendrissez en même temps, mon ami, dit Alice en détournant son visage altéré et en se penchant pour méditer. Cette femme n’est pas une nature vulgaire, puisqu’elle vous a fait une impression si profonde.