Page:Sand - Journal intime.pdf/117

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cela elle me fait l’effet de n’avoir ni sens, ni enthousiasme, ni tendresse. Et puis elle parle d’histoire, philosophie, religion, politique, avec une abondance froide et une érudition frivole, et tout d’un coup elle vous quitte pour aller donner à téter à son enfant. Un enfant qui, dit-elle, est laid, gros, fort et méchant, comme la passion brutale qui l’a procréé.

Madame… écrivait d’Italie, l’an dernier, à M… en post-scriptum d’une longue lettre consacrée à demander des robes et des chapeaux : « À propos ! j’oubliais de vous dire que je suis accouchée à Rome le mois dernier d’un garçon que j’y ai laissé. Madame… en a fait autant de son côté. »

Il y a pourtant cette différence que madame… emporte ses enfants, les nourrit, les élève et leur donne son nom, son temps et sa vie. Tandis que l’autre les abandonne, les oublie, les fait élever dans un taudis, tout en vivant dans le velours et l’hermine, ni plus ni moins qu’une femme entretenue, et ne s’occupe de sa progéniture, non plus que d’une portée de chats.


17 janvier 1840.

Que se passent-il donc dans l’esprit de ceux qui repoussent la vérité ? Enseigne-le-moi, mon Dieu ! afin que j’apprenne à les connaître. Mais par quel