Page:Sand - Journal intime.pdf/37

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grise, Je disais au « Gaulois[1] » qui parlait d’assassiner Louis-Philippe : Cela est affreux ; je suis bien contente de te connaître bon, car si je ne te connaissais pas bon, je te croirais méchant, et si je ne t’aimais pas, je te haïrais. » Voilà qui est logique, soyez-le si vous pouvez vous autres. Moi, je souffre et je pleure. Si je pouvais faire autrement, je ne souffrirais pas, je ne pleurerais pas. Croyez-vous que les principes soient la meilleure sauvegarde d’une femme ? Demandez à l’amour si les cœurs qu’il garde sont mal gardés. — Oui, disent-ils, mais, s’il s’en va, adieu la fidélité ! — Propos de mari ! Eh bien, mon amant, qu’aurais-tu à faire de la fidélité d’une femme qui ne t’aimerait plus ?

Mettre Liszt à la porte à présent, quelle bêtise chez Buloz ! Pourquoi ? À cause de qui ? Je me suis figuré pendant une ou deux entrevues qu’il était amoureux de moi, ou disposé à le devenir. Peut-être que si j’avais pu je l’aurais agréé.

Mais par la grande raison des épinards, je me sentais obligée de lui dire — c’est-à-dire de lui faire comprendre — qu’il fallait n’y pas penser, lorsque tout à coup après la jolie réception que je lui ai faite devant vous, chez Buloz, je me suis clairement convaincue, à la troisième visite, que je m’étais sottement infatuée d’une vertu inutile et que M. Liszt ne pensait qu’à Dieu et à la Sainte

  1. M. Alphonse Fleury.